Conférence de presse du Comité de pilotage du PREF- CEMAC

17 jan, 2017

Conférence de presse du Comité de pilotage  du PREF- CEMAC, à  la clôture de sa réunion inaugurale tenue à Brazzaville du 16 au 17 janvier 2017. Cette série des questions-réponses a été co-animée par le président du Copil, Gilbert Ondongo, ministre congolais de l’économie, du développement industriel et du secteur privé ; le  rapporteur de la réunion, Pierre Moussa, président de la commission CEMAC ; et le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama.

 

 

Questions/réponses :

1-Jeune Afrique économie : A propos de l’emprunt obligataire. Est-ce que vous pouvez nous rassurer que les dépôts des clients sont sécurisés, puisque l’on sait que, dans cette atmosphère de crise financière, les banques sont de plus en plus sollicitées quasiment par tous les Etats de la sous-région. Et d’ailleurs, un banquier de la place nous disait qu’à un moment donné, elles subissent même les pressions de l’Etat. Est-ce que vous pouvez nous rassurer que la Cobac (Commission bancaire de l’Afrique centrale) veille à ce que les normes financières en matière d’octroi de crédits soient garanties pour que les déposants, demain, ne subissent pas de contrecoups de tout ce qu’ils ont aujourd’hui comme sollicitude ?  

 

2-Jeune Afrique économie. Autre question, c’est la dernière : il me semble qu’à un moment donné, l’Etat congolais avait mis sur pied ce qu’il appelait lui-même l’épargne budgétaire pour le remodelage et ressources futures de l’Etat, évidemment avec le FMI à l’époque. Je voudrais savoir qu’est-ce que cette épargne est devenue, puisque vous-même l’avez dit souvent : « … le Congo a beaucoup d’argent ». Cette épargne qui devait permettre au Congo de se mettre à l’abri des fluctuations inflationnistes consécutives même au marché international…

 

 Gilbert Ondongo, président du Copil et modérateur de la conférence de presse: Vous avez posé deux questions. La première est technique et la deuxième concernerait le Congo. Dans cette salle, nous avons toute la crème en matière bancaire. A votre première question, la réponse vous sera apportée par le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale. Et, il pourra se faire compléter par le secrétaire général de la Commission bancaire qui est présent dans la salle.

 Lucas Abaga Nchama, gouverneur: Merci M. le président. Je remercie le journaliste qui a posé cette question, parce que, effectivement, il y a d’autres interrogations sur les mêmes questions. Je voudrais le rassurer : la Cobac a bénéficié des moyens importants en ressources humaines et en  moyens financiers pour mener à bien ses missions. Cela fait qu’aujourd’hui, notre système bancaire, malgré la crise, connaît une situation assez confortable. Certes, ici et là, on décèle qu’il y a quelques banques qui vont bien. Pour ce qui est de l’emprunt obligataire, je voudrais dire que la Cobac veille. Et, il y a la règlementation en vigueur qui oblige aux banques à se conformer aux textes en vigueur. En plus de cela, si vraiment un accident devait arriver, sachez que nous avons mis en place un Fonds de garantie de plus de 100 milliards CFA. Donc, cela peut rassurer tous les petits épargnants aujourd’hui. Donc, il n’y a vraiment pas de problèmes sur les emprunts obligataires. Je voudrais que la population congolaise fasse confiance au gouvernement. Je suppose en filigrane que c’est par rapport à cet emprunt que la question a été posée. Faites confiance à l’Etat congolais, aux finances mais aussi à la Cobac qui veille pour que les problèmes de faillite ou de non-respect de la règlementation en vigueur ne  posent plus. Merci M. le président du Copil.

 

Gilbert Ondongo :Pour ce qui concerne votre deuxième question, retenez que notre réunion n’a pas eu pour objet de discuter de la situation financière de chaque Etat. Retenez aussi que, de façon générale, l’épargne n’est pas faite pour être stérilisée, elle est faite en période que l’on peut appeler de vache grasse ou en période de vache maigre. Elle doit être utilisée pour faire face aux dépenses d’un Etat. On vous remercie !

 

3- Télé-Congo : Ma question va porter sur ce qu’on appelle la dévaluation, que les Etats membres de la CEMAC veulent éviter.  Mon interrogation est orientée vers le Copil, pour me dire si réellement cette année 2017, le Franc CFA ne va pas subir cette dévaluation. Et quelles sont les stratégies qui ont été mises en place pour éviter cette situation ?

 

Gilbert Ondongo :Ce n’est pas un sujet tabou pour nous. Si vous avez de bon souvenir, le 23 décembre dernier, les chefs d’Etat de notre sous-région s’étaient retrouvés en réunion extraordinaire à Yaoundé. Avaient  assisté à cette réunion, le Directeur général du Fond Monétaire International (FMI), Madame Christine Lagarde ; le ministre de l’Economie et des  finances de la République française, M. Michel Sapin. La première décision de cette réunion a été  la suivante : «  en l’ état actuel des choses, quels que soient les problèmes, il n’y a pas nécessité de dévaluer le franc CFA ». Nous, Comité de pilotage, travaillons pour que cette décision forte des chefs d’Etat ne soit pas démentie.  

 

3-Radio-Brazzaville : Le 23 décembre dernier à Yaoundé, au Cameroun, au sommet des chefs d’Etat, le FMI s’inquiétait sur la situation économique et monétaire de la zone CEMAC. Au cours de cette réunion de Brazzaville, est-ce que  vous avez examiné les pistes de sortie de cette crise ?

 

Gilbert Ondongo :C’était exclusivement l’objet de notre réunion. Nous n’avons pas attendu le FMI ou quelqu’un d’autre pour parler de la situation préoccupante de nos économies. A Malabo, le 30 juillet dernier, les chefs d’Etat s’étaient retrouvés en sommet extraordinaire pour nous faire part, à nous autres citoyens de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale, de leur préoccupation au sujet de la passe difficile que traversaient nos différents pays. Passe difficile résultant principalement de la chute drastique des coûts des matières premières. A cette occasion, les chefs d’Etat ont décidé de mettre en place un Programme de Réformes Economiques et Financières de la CEMAC. C’est dans le cadre de la mise en œuvre de cette instruction que nous nous sommes constitués, nous Comité de pilotage de ce programme. Notre réunion portait exclusivement sur l’examen des meilleurs moyens de sortie de la situation difficile qu’est la nôtre aujourd’hui.

 

4-Radio Rurale Congolaise : Ce qui est  tonnant, c’est qu’au moment où les économies de la sous-région sont en récession économique, vous parlez des réformes rapides. Alors,  comment faire les réformes rapides ?

 

Pierre Moussa, président de la commission CEMAC :Merci M. le président du Copil.  Je suis surpris, en ce qui me concerne, par cette question ! Nous sommes dans une situation de crise sérieuse au plan économique et au plan monétaire. Une crise assez grave. C’est d’ailleurs, ce qui a justifié la convocation du sommet de Yaoundé le 23 décembre 2016. Les chefs d’Etat sont venus à ce sommet parce qu’ils estimaient que la crise était grave, et qu’il fallait prendre des mesures rapides. Il ne faut pas attendre que les choses deviennent de plus en plus graves pour commencer à se pencher sur les diagnostics et sur les thérapies nécessaires à administrer à l’économie de notre sous-région. Oui, il y a eu des mesures, et d’ailleurs le PREF, comme l’a rappelé lui-même le ministre d’Etat, Gilbert Ondongo, a été constitué en une série d’actions et de mesures à prendre à la fois aux plans monétaire et budgétaire ; aux plans des réformes structurelles et de la diversification de l’économie ; au plan de la coopération internationale ainsi qu’à celui de l’intégration régionale. Ces mesures sont listées par priorité, par urgence. Il y en a qui doivent à tout prix être prises maintenant, dans les six mois qui viennent, dans les deux mois qui viennent. Il y en a qui vont avoir une durée de préparation qui peut être même d’une année. Mais, il y a aussi des mesures à moyen terme, par exemple la diversification   de l’économie. Mais, il ne faut pas attendre, il faut déjà s’y pencher. Donc oui, la gravité de la situation économique dans notre sous-région appelle des mesures rapides, dont certaines sont même urgentes, comme l’a souligné le communiqué final qui vous a été lu tout à l’heure.

 

5-Le Métropolis Magazine : Le communiqué final que j’ai suivi tout à l’heure, n’a rien dit sur le montant exact du budget du Pref-Cemac exercice 2017. Qu’est ce qu’il en est exactement ? Pourquoi le cacher ?

 

Gilbert Ondongo : Le pilotage n’a rien à cacher. Mais ne faisons pas de confusion. Un  Communiqué final n’est pas un compte rendu détaillé des travaux. C’est une synthèse des travaux, c’est l’essentiel des travaux. Vous avez eu droit à l’essentiel des travaux. Par ailleurs, nous allons, dans les prochains jours sans doute, nous doter d’un site internet. Comme c’est l’un des meilleurs moyens ou de puissants moyens de communication aujourd’hui, en accédant au site du Comité de pilotage qui sera mis en place prochainement, vous aurez toutes les informations utiles et nécessaires.

 

Propos recueillis et transcrits par  Robert KOUANDA

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