Triple passation de service au Ministère des finances

Le nouveau Ministre, Christian YOKA, prend les commandes des finances, du budget et du portefeuille public
15 jan, 2025

Mercredi 15 janvier 2025, dans la matinée, trois passations de service ont eu lieu, successivement, dans la grande salle du ministère des finances, à Brazzaville. 

La première passation de service a concerné Monsieur Jean-Baptiste ONDAYE, Ministre des finances sortant, et Monsieur Christian YOKA, nouveau Ministre des Finances.

 La deuxième a été accomplie entre Monsieur Jean-Baptiste ONDAYE, Ministre de l’économie sortant, et Monsieur Ludovic NGATSE, Ministre de l’économie entrant. 

Le troisième et dernier transfert de charge s’est effectué entre Monsieur Ludovic NGATSE, Ministre du budget et du portefeuille public sortant, et son collègue Christian YOKA, Ministre des finances, du budget et du portefeuille public.

S’adressant à son successeur au département des finances, Monsieur Jean-Baptiste ONDAYE a saisi l’occasion pour, d’abord, remercier le Président de la République, Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-N’GUESSO, pour avoir placé sa confiance en sa modeste personne, ensuite, pour attirer son attention sur cinq défis, à savoir « la finalisation de la 6ème  revue du programme avec le Fonds monétaire international (FMI), pour consolider les progrès économiques et financiers réalisés ; l’achèvement des discussions avec les industries extractives, dans le cadre de la signature des conventions de compte séquestre des Fonds de Restauration des Sites, un pilier clé pour la stabilité monétaire, grâce à la consolidation du niveau des réserves de change qui écartera définitivement le spectre d’un ajustement monétaire ; l’évolution de la coopération monétaire avec la France, conformément aux recommandations de la Conférence des Chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), du 22 novembre 2019 et du 15 mars 2023.  Cette question sera examinée lors de la prochaine session du Comité ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), prévue le 31 janvier 2025 ; la poursuite de la digitalisation du système de gestion des finances publiques, notamment avec le Compte unique du trésor (CUT), qui s’achèvera avec le rôle que jouera le Trésor banquier, une fois implémenté ; la réorganisation des services départementaux ; l’amélioration qualitative et quantitative des ressources stratégiques ; la poursuite des travaux sur la dynamisation de la mobilisation des ressources, notamment avec CenterView Partners, pour l’Opération de Debt for nature swap (Echange dette contre nature) et le Fonds Africain de Solidarité (FSA), dédiée à l’apurement de la dette sociale ».

Auparavant, le Ministre des finances sortant a, dans les grandes lignes, dressé le bilan de ses vingt-sept mois et demi de son action en ces termes : 

«…Concernant les réformes organisationnelles et institutionnelles, le ministère a procédé à l’arrimage aux standards internationaux et aux évolutions de notre environnement des textes régissant les administrations sous tutelle. Ce travail a abouti à la publication de treize (13) décrets organiques et neuf (09) arrêtés subséquents. 

Notre action s’est également concentrée sur la réussite de la transition du budget de moyens vers le budget-programme, qui marque notre volonté de devenir leader en matière de Gestion Axée sur les Résultats (GAR). A cet effet, l’ensemble des documents stratégiques ont été finalisés et validés avec l’ensemble des acteurs impliqués dans une démarche participative. 

La réussite des différentes revues du programme conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI) au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), n’a pas été en reste. Bien au contraire, nous n’avons ménagé aucun effort pour maintenir le train des réformes et conclure avec succès cinq (5) revues successives. 

Les perspectives en vue de la conclusion de la sixième et dernière revue sont plutôt optimistes.   

Au niveau du Trésor, nous avions fait le pari de passer d’une gestion à vue de la trésorerie à une gestion proactive. (…) C’est ainsi que nos efforts se sont concentrés sur le lancement et l’accélération des réformes visant à implémenter le Compte Unique du Trésor (CUT) ; à rendre opérationnelles les fonctions bancaires du Trésor ; et à mettre en place une Caisse de Dépôt et de Consignations (…)

J’ai eu le privilège de présider le Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financiers (PREF)-CEMAC. A ce sujet, le travail réalisé à ce niveau a permis le succès de la table ronde des investisseurs, qui a débouché sur une sursouscription des besoins exprimés pour le financement des projets intégrateurs.

Au niveau de l’UMAC, nous avons eu à cœur de faire progresser, plusieurs dossiers d’intérêt commun, particulièrement l’évolution de la coopération monétaire avec la France ; les négociations avec le secteur des industries extractives ; la réflexion sur l’adoption d’une monnaie numérique de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et l’élaboration d’un cadre normatif communautaire encadrant les cryptoactifs dans la CEMAC ; le processus de recrutement des agents d’encadrement supérieur de la BEAC, qui a donné lieu à un point supplémentaire au cours de cette session ; et l’examen des textes qui sous-tendent la gouvernance de la BEAC.

Au niveau international, nous avons œuvré à faire entendre la voix de notre sous-région et celle de l’Afrique à l’occasion des différents forums internationaux auxquels nous avons participé.

Nous avons joint notre voix à celles des autres ministres africains pour défendre les thématiques liées, premièrement, à la réforme des institutions de Bretton Woods et des banques multilatérales, pour un système financier international plus inclusif et plus équitable avec, comme résultat palpable, l’attribution de la troisième chaise au Conseil d’Administration du FMI ; deuxièmement, aux défis liés à la montée des inégalités et de la pauvreté ; et troisièmement,  aux changements climatiques et à la protection de la biodiversité ».   

Répondant à son prédécesseur, la nouvelle Autorité monétaire du Congo, Christian YOKA, a énuméré les   nombreux enjeux actuels. « Les enjeux qui se présentent sont nombreux. Parmi lesquels la  réponse aux crises économiques ; la relance de la croissance ; la  création d’emplois ; l’adaptation au changement climatique ; la réduction des inégalités. Nous devons également nous adapter, y compris au sein de ce ministère, aux évolutions technologiques rapides qui transforment notre monde et nos économies. Nous devons les relever ensemble, avec courage et discernement. Ailleurs, sur le continent africain, d’autres pays ont entrepris ce combat. Le Congo ne se défilera pas ! Je suis, en effet, convaincu que nous disposons des talents et des ressources pour réussir, à commencer par notre jeunesse. Mon engagement est de promouvoir des politiques qui favorisent la croissance inclusive, qui protègent notre environnement et qui préparent notre société aux défis de demain. Je m’engage également à être à l’écoute de chacun d’entre vous : des entreprises aux citoyens, en passant par les élus, les syndicats et les associations. La voix de chacun est essentielle pour construire des politiques économiques qui répondent aux besoins réels de notre pays », a déclaré Monsieur Christian YOKA. 

La passation des consignes entre les Ministres ONDAYE et NGATSE

Après avoir rappelé quelques réalisations, le Ministre de l’économie sortant, Monsieur Jean-Baptiste ONDAYE, a exhorté son remplaçant au département de l’économie à prendre à cœur les importants chantiers qui restent à mener. « Il s’agit, en particulier, de la modernisation des outils de prévision et d’analyse macroéconomique, pour mieux intégrer tous les secteurs porteurs de notre économie, et du renforcement du mécanisme de contrôle du respect des engagements des entreprises bénéficiant d’avantages fiscaux, notamment en matière de création d’emplois », a-t-souligné.

Prenant acte de cette exhortation, le Ministre Ludovic NGATSE s’est dit disposé à s’inspirer de toutes les qualités et du chemin que son prédécesseur a déjà tracé. « Mon action, dans ce Ministère, sera donc en droite ligne avec le vôtre. Je mènerai des actions pour promouvoir le développement de nombreux secteurs économiques, et créer les conditions d’une économie forte, durable, inclusive et résiliente », a-t-il affirmé.

Les défis du Ministère du Budget et du portefeuille public, évoqués par le sortant et l’entrant

Au plan financier, selon le Ministre sortant, Ludovic NGATSE, un vaste projet de réformes des finances publiques a été lancé, pour résorber les effets de la crise financière de 2014, qui avait mis en exergue les fragilités du modèle congolais. Ces réformes, a-t-il indiqué, portent principalement sur deux volets essentiels : il s’agit de la nécessité d’une meilleure mobilisation des ressources intérieures hors pétrole ; et du besoin d’optimiser la dépense publique, tout en maîtrisant la problématique de la dette publique.

Concernant le volet portefeuille public, le Ministre NGATSE a évoqué un avant-projet de loi, élaboré avec l’assistance de la Banque mondiale, qui est en cours d’enrôlement, en vue de son examen en Conseil des ministres. 

S’agissant du volet comptabilité, il a cité le passage à la comptabilité des droits constatés et patrimoniale au Congo, qui est un autre défi qu’il faut relever.

« Le tableau que je viens de vous dresser est une bonne base pour vous aider à atteindre les objectifs budgétaires fixés dans la loi de finances 2025, qui exige, au titre des recettes, un niveau de mobilisation des ressources d’ordre de 1.220 milliards de F CFA, à raison de 1.000 milliards pour les impôts et 220 milliards pour la douane. Cet objectif budgétaire, qui participe de l’amélioration du solde primaire hors pétrole a été fixé par le Président de la République », a précisé le Ministre NGATSE, en s’adressant à son collègue Christian YOKA. 

En réponse, ce dernier a rassuré son collègue en ces termes : « Nous formons les deux faces d’une même pièce. Pour y parvenir, il nous faudra amplifier et accélérer le travail déjà amorcé au sein de ce ministère, qui est un ministère de tous les Congolais. Au-delà des chiffres et des statistiques attendus, le dialogue, l’intégrité et l’audace seront, entre autres, les maîtres mots de mon action ».

A noter que cette triple passation de service du 15 janvier 2025 a eu lieu en présence, notamment, des représentants de la Présidence de la République, de la Primature, et du Secrétariat général du gouvernement. 

 

La Cellule de communication du ministère des finances, du budget et du portefeuille public

Crédit photos : B2B Communication

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