Estimée à 182 milliards de FCFA avec l’apport du Club de Londres qui s’est associé à l’initiative, cette dette sera désormais réinvestie dans l’économie congolaise, le social et la modernisation des hôpitaux. De même, elle sera surtout utilisée pour faire face à la pandémie actuelle ainsi qu’à celles qui peuvent survenir. Cette bonne nouvelle a été donnée le 10 juin 2020 par le ministre délégué au budget ; Ludovic Ngatsé, qui a été reçu au journal télévisé de 20 heures. C’est dans le cadre de l’initiative pour la suspension du service de la dette, prise par le club de paris en faveur de certains pays africains dont le Congo, que cette salvatrice décision a été prise. Voici l’entretien qu'a accordé le Ministre délégué au budget Ludovic Ngatsé aux journalistes de la presse nationale et internationale.
Question : M. le ministre qu’est-ce que cela veut dire quand on parle de l’initiative de suspension du service de la dette et quels en sont les critères qui ont milité en faveur du Congo ?
Ludovic Ngatsé : Quand on parle de l’initiative pour la suspension du service de la dette, cela veut dire que les créanciers publics réunis au sein du club de Paris qui regroupe les Etats et les organismes multilatéraux ont réfléchi pour accompagner les pays qui ont une dette vis-à-vis de ce groupement, de manière à les aider pendant cette crise générée par la pandémie du coronavirus. Est-ce qu’on peut considérer que c’est une bonne nouvelle pour le Congo ? Bien entendu. Je dirais que c’est une excellente nouvelle. C’est une des toutes premières, après beaucoup d’autres combats qui ont été menés autour de président de la République, du premier ministre, du ministre des finances qui ont lourdement travaillé de manière à apprêter le dossier et à faire que le Congo qui remplissait les critères puisse être éligible à cette initiative.
Question : M. le ministre pouvez-vous éclairer la lanterne des congolais sur le montant réel de la dette vis à vis du Club de Paris ?
Ludovic Ngatsé : Avant de parler du montant proprement dit, il faut d’abord parler des critères. Pour être éligible à cette initiative, il fallait d’abord figurer parmi les pays en voie de développement ; avoir un programme avec le FMI ; ne pas avoir des arriérés. En gros, il fallait être un bon élève, par rapport à ses engagements vis-à-vis du système financier international. Le Congo remplissait tous les critères. On n’avait pas d’arriérés, on avait un programme avec le FMI qui est en cours d’exécution et on est un pays en voie de développement. Le montant directement lié au club de Paris est de l’ordre de 130 milliards de FCFA par année. Mais vous savez que dans le cadre de cette initiative, il avait été demandé à tous les autres créanciers, notamment, ceux regroupés au sein du club de Londres de suivre l’initiative du Club de Paris. Et c’est là que tout devient intéressant parce que si l’on élargit la palette des créanciers, nous pouvons aller jusqu’à des montants beaucoup plus substantiels. D’ailleurs à cette date, on peut affirmer qu’en plus des 130 milliards de FCFA, on a déjà environ 52 milliards de plus. Ce qui fait un total de 182 milliards de FCFA avec l’apport d’autres partenaires qui se sont associés à cette initiative. Nous dégageons là une économie pour l’exercice budgétaire 2020 de 182 milliards de FCFA.
Question : M. le ministre, la crise sanitaire liée au coronavirus a négativement impacté les entreprises de la place. Celles-ci vont certainement recourir aux banques. Est-ce que l’Etat va se porter garant auprès des banques pour garantir ces emprunts et à quel hauteur ?
Ludovic Ngatsé : Nous appartenons à une communauté sous régionale qu’on appelle la CEMAC. Dans ce cadre, il y a un programme de réformes qui a en gros une solution à trois niveaux ; d’abord au niveau de la CEMAC par l’intervention de la Banque Centrale. Il avait été convenu des mesures qui permettent de réduire les taux d’intérêts d’intervention de la Banque Centrale de manière à permettre aux banques de se ressourcer. La Banque Centrale a simplifié les conditions de ressourcement auprès de ses guichets. Deuxièmement, la Banque Centrale a aussi demandé à la commission bancaire d’assouplir ses conditions. Au niveau local, le gouvernement a mis en place ce qu’on appelle la Task-force qui a produit des documents importants notamment de soutien aux entreprises. Il existe dans ces documents des mesures fiscales, douanières et autres. Le troisième niveau concerne les mesures proprement bancaires de soutien et de garantie. Dans le cadre du fonds de garantie, il existe en fait un compartiment de ce fonds qui est réservé au soutien des entreprises. Dans ce compartiment, on a une somme de 25 milliards de FCFA qui est réservé notamment, aux garanties de créances que les entreprises pourraient souscrire auprès du système bancaire. Voilà en gros les trois niveaux d’intervention de notre sous-région, du gouvernement et de manière générale de notre système pour qu’on soutienne effectivement les entreprises afin qu’elles passent plus facilement cette période difficile liée à la pandémie du coronavirus.
Question : Que dire du soutien du Club de Paris ?
Ludovic Ngatsé : En contrepartie du soutien du club de Paris, il y a des engagements. Comment ça se passe en fait ? Nous aurions dû payer en gros les 182 milliards de FCFA entre aujourd’hui et le 31 décembre 2020. On nous dit de ne pas les payer directement au club de Paris. Mais on nous demande d’utiliser cet argent pour faire face à la pandémie, sur les trois plans : sanitaire, social et économique. Le gouvernement dans le cadre de son budget rectifié entend utiliser ces possibilités de financement pour faire face aux dépenses relatives à la pandémie et à préparer notre système sanitaire à se protéger contre de nouvelles pandémies. Ces financements permettront d’améliorer la qualité du plateau technique des hôpitaux et d’élargir l’offre de santé. D’ailleurs, il est prévu dans le budget rectifié la construction de deux hôpitaux généraux.
Question : Où en sommes-nous avec le FMI et quelles sont les perspectives quant aux autres négociations en cours ?
Ludovic Ngatsé : Avec le FMI nous avons un programme qui s’exécute. En ce qui concerne la République du Congo, nous continuons à respecter les engagements que nous avons pris. Comme vous l’avez suivi récemment, le président de la République avait souligné dans un entretien avec France 24 et RFI, que le gouvernement a sollicité un soutien spécifique dans le cadre de la facilité rapide de crédit au FMI. Nous sommes en train de travailler avec les services du FMI de manière à mettre en œuvre cette facilité. Vous savez bien qu’avec ces institutions, ce n’est jamais facile. Donc, les services du gouvernement sont à pied œuvre pour apporter toutes les réponses nécessaires. Nous pensons comme l’a souligné le président de la République que nous aurons une réponse heureuse dans les jours et les semaines à venir.
Propos recueillis et transcrits par le journal Le Patriote
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