Débat d’orientation budgétaire (DOB) au Parlement

Le Gouvernement présente aux députés et sénateurs les grandes lignes du Cadre budgétaire à moyen terme (CBMT) 2026-2028
11 Aug, 2025

Lundi 11 août 2025 à Brazzaville, le Premier ministre, Chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, a présenté, d’abord, devant l’Assemblée nationale, présidée par Isidore Mvouba, ensuite, devant le Sénat, dirigé par Pierre Ngolo, les grandes lignes du Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) 2026-2028. C’était au cours de deux séances plénières consacrées respectivement au Débat d’orientation budgétaire (DOB).

Selon l’article 9 de la Loi organique relative aux Lois de finances, l’élaboration par le Gouvernement du CMBT s’inscrit dans le processus de préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2026. Il a pour but de fixer la contrainte financière, en indiquant le besoin et la capacité de financement, sur la base des hypothèses économiques les plus réalistes, couvrant une période de 3 ans (2026-2028) et de déterminer la trajectoire des recettes et des dépenses en fonction de l’orientation donnée à la politique budgétaire.

Les avantages du Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT)

Contrairement au budget annuel, le CBMT examine les dépenses sur une période de moyen terme, permettant une meilleure anticipation des besoins financiers. Il présente, notamment, les avantages suivants :  l’intégration des priorités stratégiques de l’État. Le CBMT assure que les dépenses sont alignées sur les objectifs de développement et les priorités du Gouvernement ; le renforcement de la discipline budgétaire. En fixant des limites de dépenses à moyen terme, le CBMT aide à maîtriser la dynamique des dépenses publiques et à garantir leur soutenabilité ; l’amélioration de la transparence et de la prévisibilité. Le CBMT rend plus transparent le processus budgétaire et permet aux différents acteurs de mieux anticiper les évolutions des dépenses publiques ; la facilitation d’une meilleure allocation des ressources. En tenant compte des coûts des politiques à moyen terme, le CBMT permet une allocation plus efficace des ressources publiques.

Ainsi, l’activité économique devrait progresser avec un Produit intérieur brut (PIB) en hausse de 3,1 % en moyenne annuelle sur la période 2026-2028, porté essentiellement par les activités du secteur hors pétrole (4,4 % en moyenne). Le taux d’inflation projeté, quant à lui, ressortirait en moyenne annuelle à 3,06 %, quasiment au niveau de la norme communautaire de la Zone CEMAC qui est de 3 %. Dans cet environnement d’incertitudes à plusieurs égards, l’action publique poursuivra prioritairement l’objectif de restauration des marges de manœuvre budgétaires, en vue de créer les conditions favorables pour générer une croissance à la fois extensive (par l’augmentation de la quantité des facteurs de production) et intensive (par une meilleure utilisation des facteurs de production existants), tout en mitigeant les risques.

Les objectifs du Gouvernement

Le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) 2026-2028 doit permettre d’atteindre, simultanément, les objectifs ci-après, dès l’an prochain et au cours des années suivantes. Il s’agit de poursuivre le désendettement rapide de l’Etat, pour retrouver les marges en trésorerie indispensables à la bonne exécution des politiques publiques et réduire la charge d’intérêts au profit des dépenses productives pour l’Economie et la société ; de soutenir la croissance par un effort particulier sur les dépenses d’investissement, notamment dans les secteurs clefs, pour libérer la création de valeur (ces secteurs clés étant l’Energie, les Transports et l’Agriculture) ; de soutenir la croissance par un effort particulier aussi sur les politiques d’Education et de Santé, qui jouent un rôle fondamental pour la croissance à long terme ; de veiller à la bonne maîtrise des autres dépenses et poursuivre l’amélioration du rendement des recettes fiscales, gage de la soutenabilité du Budget et du bon financement des politiques prioritaires ; d’améliorer la qualité et l’efficience de la dépense publique, par la poursuite de la réforme des budgets programmes et par une série de réformes dans la gestion des investissements publics.

Des mesures pour atteindre les objectifs en matière de recettes

Pour réaliser les objectifs du CBMT, le Gouvernement prévoit de mettre l’accent, notamment, sur l’optimisation des recettes budgétaires issues des ressources naturelles, par la maîtrise des droits relatifs aux contrats miniers, pétroliers et forestiers ; d’améliorer le recouvrement des recettes fiscales, par la digitalisation des processus de collecte et la réduction des exonérations ; et de mobiliser les produits des participations par une meilleure application de la politique de dividendes du portefeuille public.

Des mesures pour maîtriser les dépenses publiques

Afin d’améliorer l’espace budgétaire et dégager des marges de manœuvre, le Gouvernement entend augmenter les dépenses en capital dans les secteurs porteurs de croissance pour l’avenir, en veillant à la poursuite de la diversification de l’Economie, pour en renforcer la résilience face aux chocs ; augmenter aussi les dépenses sociales essentielles au profit des populations vulnérables, en particulier, en matière de Santé, d’Education, d’Action sociale et d’Assainissement dans les grandes villes (dépenses également indispensables à une croissance soutenue dans le long terme) ; et renforcer l’efficacité et l’efficience de la dépense publique, par la mise en œuvre des instruments de budgétisation en mode programme et par l’amélioration de la gestion des investissements publics.

Des chiffres clés

 Les chiffres ci-après illustrent les ambitions du Gouvernement, tout en témoignant des défis à relever. Sur la période 2026-2028, les ressources budgétaires sont estimées à 2.479 milliards 400 millions de FCFA en 2026; 2.599 milliards 100 millions de FCFA en 2027 ; et 2.732 milliards 400 millions de FCFA en 2028, avec une augmentation progressive moyenne de 1,8% sur la période. Cependant, le Gouvernement reste  confronté à un défi majeur : le besoin de financement. Le gap budgétaire qui se dessine implique que les marges de manœuvre sont limitées, ce qui rend nécessaire un engagement renouvelé avec les Partenaires techniques et financiers (PTF). Ces ressources sont réparties dans les trois composantes du budget de l’Etat, que sont le budget général, les budgets annexes et les comptes spéciaux du trésor. 

Par nature économique, ces recettes se répartissent comme suit : les recettes fiscales augmenteraient à un rythme annuel moyen de 3,9 % et se situeraient à 1.111 milliards 200 millions de FCFA en 2026 ; 1.154 milliards 200 milliards de FCFA en 2027 et 1.199 milliards 800 millions de FCFA en 2028 ;

 Les dons, legs et fonds de concours régresseraient à un rythme moyen de près de 7,0 % pour s’établir à 79 milliards 500 millions de FCFA en 2026 ; 87,0 milliards de FCFA en 2027 et à 70 milliards 300 millions de FCFA en 2028 ;

 Les cotisations sociales augmenteraient en moyenne de 4,4 %, pour atteindre 95 milliards 7 millions de FCFA en 2026, 99 milliards 900 millions de FCFA en 2027 ; et 104 milliards 400 millions de FCFA en 2028. Le niveau des autres recettes serait stable sur la période, autour de 1.180 milliards 700 millions de FCFA, en retrait d’environ 122 milliards 600 millions de F CFA. Les principales hypothèses relatives au secteur pétrolier se déclinent comme suit. Production : 101,5 millions de barils en 2026 ; 106,6 millions de barils en 2027 ; et 111,9 millions de barils en 2028.  

Sur le triennat 2026-2028, trois soldes budgétaires seraient excédentaires : le solde global dons inclus ; le solde primaire ; et le solde global de base. A contrario, deux soldes ressortiraient déficitaires : le solde primaire hors pétrole et le solde primaire de base hors pétrole. 

 Le solde global dons inclus resterait excédentaire sur toute la période mais impacté significativement par la baisse des recettes pétrolières. Il se situerait à 104 milliards 900 millions de F CFA en 2026 ; 230 milliards 300 millions de F CFA en 2027 ; et 359 milliards 200 millions de F CFA en 2028, soit respectivement 1,1% ; 2,4% et 3,5% du PIB.

 Le solde primaire augmenterait à un rythme annuel moyen de 22,8% sur la période. Il serait de 437 milliards 900 millions de F CFA en 2026 (4,6 % du PIB) ; 544 milliards 300 millions de F CFA en 2027 (5,6 % du PIB) ; et 660 milliards 200 millions de F CFA en 2028 (6,5 % du PIB).

 Le solde global de base progresserait à un rythme annuel moyen de 36,3 % sur la période et s’afficherait à 272 milliards 900 millions de FCFA (2,9 % du PIB) en 2026 ; 357 milliards 300 millions de F CFA en 2027 (3,7 % du PIB) ; et à 507 milliards de F CFA (5,0 % du PIB) en 2028. 

Le déficit du solde primaire hors pétrole baisserait à un rythme annuel moyen de 4,9 % sur la période, passant de 671 milliards de F CFA en 2026 (-10,2 % du PIBHP) à 626 milliards 300 millions de F CFA en 2027 (-9,1 % du PIBHP), pour atteindre 606 milliards 900 millions de F CFA en 2028 (-8,3% du PIBHP). 

 De même, le solde primaire de base hors pétrole resterait déficitaire, passant de 423 milliards 900 millions de F CFA en 2026 (-6,5 % du PIBHP) à 412 milliards 300 millions de F CFA en 2027 (-6,0 % du PIBHP), pour atteindre 388 milliards 900 millions de F CFA en 2028 (-5,3 % du PIBHP).

Sur la période 2026-2028, le stock de la dette publique projeté connaîtrait une régression de 2,4% en rythme annuel moyen. Il s’établirait à 8.398,0 milliards de F CFA, passant de 8.576 milliards 500 millions de F CFA en 2026 (89,9 % du PIB) à 8.452 milliards 400 millions de F CFA en 2027 (86,4 % du PIB) et à 8.165 milliards 200 millions de F CFA en 2028 (80,4 % du PIB). 

La dette extérieure baisserait à une cadence annuelle moyenne de 2,6% sur la période. Elle s’établirait à 2.976 milliards 600 millions de F CFA en 2026 (31,2 % du PIB) ; 2.921 milliards 300 millions de F CFA en 2027 (29,8 % du PIB) ; et 2.821 milliards 100 millions de F CFA en 2028 (27,8 % du PIB). 

La dette intérieure régresserait à un rythme annuel moyen de 2,3 %. Elle se situerait à 5.600,0 milliards de F CFA en 2026 (58,7 % du PIB) ; 5.531 milliards 100 millions de F CFA en 2027 (56,5 % du PIB) ; à 5.344 milliards 100 millions de F CFA en 2028 (52,2 % du PIB). La dette intérieure resterait dominée par la dette du marché. 

Sur la période, la trésorerie et le financement devraient être en amélioration continue. 

Les ressources de trésorerie se situeraient en moyenne à 420 milliards 100 millions de F CFA au cours de la période. Elles passeraient de 385 milliards 100 millions de F CFA en 2026 à 309 milliards 500 millions de F CFA en 2027 et à 565 milliards 700 millions de F CFA en 2028. Ces ressources seraient alimentées essentiellement par les produits des emprunts à court, moyen et long terme. Les charges de trésorerie baisseraient à un rythme annuel moyen de 9,7 %. Elles s’établiraient en moyenne à 934 milliards 600 millions de F CFA sur la période, passant de 1.032 milliards 100 millions de F CFA en 2026 à 930 milliards de F CFA en 2027 et 841 milliards 800 millions de F CFA en 2028.

A noter qu’après la présentation du CBMT, plusieurs questions ont été posées par les parlementaires. Notamment, celles liées aux paiements dus aux institutions et au règlement de la dette intérieure. Le Premier ministre congolais a réaffirmé l’engagement du Gouvernement à poursuivre le règlement progressif de ces créances, en veillant à concilier discipline budgétaire et soutien à l’activité économique.

En définitive, malgré la conjoncture difficile marquée par des tensions économiques mondiales et des contraintes internes, le Gouvernement Makosso s’est félicité d’avoir su maintenir le cap des réformes ; améliorer la mobilisation des ressources ; et renforcer la crédibilité financière du Congo. Car, il est rassuré que le pays dispose de moyens et d’une volonté nécessaire, pour bâtir un avenir économique solide et inclusif. 

La Cellule de Communication du Ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public

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